La culture à l’ère de l’intelligence artificielle.

Du Fast-Art à la Slop-Culture

Et si on se posait les bonnes questions?

Comme n’importe quel produit de consommation, l’IA s’est imposée comme la réponse à un besoin qui est aussi nouveau qu’elle. Il faudrait tout d’abord identifier le besoin d’une nouvelle technologie ou d’un nouveau gadget, une action qui impose le recul, or ces nouveautés jouent sur leur attractivité en menaçant celui qui ne l’a pas d’être catalogué comme réac ou non contemporain, ringard, dépassé, mort. C’est toujours plusieurs années plus tard qu’on se rend compte que tel ou tel comportement déviant et asocial accompagné de pathologie psychologique résulte de telle expérience éducative de masse vantée à l’époque pour sa forme évolutive et progressiste, pour laquelle on a manqué de prévention. Déjà les pédopsychiatres alertent sur les carences en développement de l’apprentissage sur écran, mais non, il faut continuer à flatter les nouvelles technologies.

La promesse de l’IA est essentiellement basée sur sa facilité d’utilisation. Presque chaque jour depuis le lancement officiel, les médias focalisent sur la facilité de création d’images sans avoir à dessiner ni même photographier, sans savoir rien en fait. Le mot magique: c’est facile. Vous êtes nul, c’est pas grave, l’IA vous fera passer pour quelqu’un, un grand créAteur de Fast-Art.
Que l’on demande donc à l’IA de résoudre la faim sur terre, les conflits, la violence urbaine, une solution pour désintoxiquer les toxicos, enfin qu’on lui demande de résoudre des problèmes réellement humains au lieu de lui en créer. Mais non, l’IA ne sera pas réservée à de grande causes comme la médecine ni même ne se contentera d’opérer dans l’ombre à la défense d’elle même face à celle d’autrui. Elle sera présente dans le quotidien des hommes pour en flatter la vanité: tous pourront se prétendre des artistes sans en subir la malédiction du tempérament, en quelques clics ils  produiront du Slop à la chaîne, que des curateurs véreux placeront sur les plus hautes strates du système de l’art qui est suffisamment alimenté par des acheteurs incultes pour que ça marche.

Une image bien léchée: Avec une esthétique bien travaillée l’image répond au besoin de la consommer et de consommer au passage le temps que nous passons sur le net. Et vice versa. On peut donc considérer que ce type d’image répond à un besoin de le consommer, il se satisfait de notre vulnérabilité de consommateur qui achète un produit sur lequel il est écrit qu’il nous fera du bien alors qu’il ne nous sert à rien, au contraire.

Une vérité alternative qui sème le doute: La vérité du cheval en marbre de la photo truquée s’appuie sur l’existence de celle d’une éventuelle copie en bronze. Ainsi avec ce schéma par amalgame d’une vérité et d’un concept de l’esprit, on a la recette à copier à loisir pour de la propagande et de la réclame, jusqu’au plus absurde des complots. Il suffit de prendre une vérité et d’y associer une conséquence ou un fait dérivé complètement faux, et de le diffuser en y mettant tous les moyens, la répétition jouant aussi son rôle sur la perméabilité culturelle.
C’est le deuxième fake que je vois sur le même cheval en marbre dont l’original en bronze se trouve tangiblement et réellement au musée archéologique de Florence, dans chacun des cas il suffit de décrypter attentivement l’image pour en comprendre l’imposture. On finira par douter qu’une partition de Mozart a été vraiment retrouvée, et j’ai l’impression que dans un futur proche plein de poulaillers se révèleraient conserver plein de Van Gogh.

Appât du gain: Il est vrai que l’on fait de plus en plus de recherches sur internet, et la rémunération au clic peut inciter à  publier n’importe quoi du moment que cela fera le buzz. Encore faut-il savoir ce qu’on fait sur internet, car de notre motivation à y naviguer résulte notre propension à devenir une plus ou moins bonne cible au brain-rotting. La définition du Slop implique un aspect lucratif au clic, elles serait en grande majorité créées pour générer du trafic publicitaire sur des contenus à faible coût car produits sans photographe ni graphiste ni historien, l’IA se servant sur le net de ce qu’elle trouve pour proposer un visuel. Ce qui est perturbant c’est l’idée que se nourrissant d’elle même, l’IA tend à Slopiser en boucle, s’appuyant sur ses propres fakes pour en générer des nouveaux.

Filiation: L’espace virtuel ou circulent ces images Slop accueille tout autant la société de masse que la midcult, unifiant ainsi dans sa propagande une nouvelle forme de Pop culture, différente et fille de la précédente. Peut être assistons-nous à la création d’une nouvelle strate. L’image m’amuse beaucoup et loin de moi l’idée de faire un discours moralisateur, il faut s’amuser avec l’image, seulement il y a plaisanterie et tromperie. J’invite à poser un regard sur le phénomène à distance nécessaire pour imaginer demain, car dans tous les cas l’omniprésence de ces slops produites par IA dans l’espace visuel pose problème, et on y arrive au coeur: Si un activiste qui fait peu importe quoi à propos de l’art comme jeter de la soupe dessus est considéré par certains (des noms des noms!) comme un acteur culturel, et que l’industrialisation de la culture a donné naissance à différents strates culturels, comment considérer culturellement ces contenus visuels, ou plutôt comment définir la culture qui émergera de l’ensemble de ces images? Slopcult?

Je me suis demandé à quoi cela sert dans sa globalité comme phénomène, quel est le but de la démarche. Pour d’identifier la désinformation dans le flux quotidien des médias, il faut déjà connaitre la vérité. En ce qui concerne les images produites par intelligence artificielle qui représentent une chimère artistique avec en légende l’attribution à une oeuvre existante, ceux qui en ont entendu parler et ne l’ont jamais vue ni étudiée ne sauront pas faire la différence. Le résultat est que ces nouvelles connaissances alternatives vont devenir une nouvelle source de savoir complètement erroné, mais occupant un espace virtuel signifiant pour générer la confusion dans une population qui sera convaincue de savoir.
Il est difficile d’en comprendre la motivation à moins que l’on ait simplement confié les publications à légions d’imbéciles ignares, il est malheureusement possible que ce phénomène soit une stratégie pour déstabiliser les institutions en charge des savoirs et de mieux manipuler le peuple de consommateurs. Idiocratie en bonne voie!

à gauche le bronze original du musée Archéologique de Firenze et à droite le slop IA

Lire l’article que j’avais écrit sur le sujet de l’esclavagisme digital Les Pécores

Un autre sur le Nutriscore culturel

Pour approfondir le sujet
#slop #AI SLOP Wikipedia Slop artificial_intelligence)

https://www.beauxarts.com/grand-format/un-vol-de-masse-3-500-artistes-exigent-lannulation-dune-vente-doeuvres-ia-chez-christies

IA Intelligence Ancestrale
IA Intelligence Ancestrale: ceci contient une oeuvre d’art

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